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Les chemtrails

Ils nous mentent à propos des produits diffusés dans le ciel par les avions!

Traînées laissées
        par un avion dans un ciel bleu avec quelques nuages
Une traînée laissée dans le ciel par un avion

Pourquoi, selon eux, les avions laissent-ils des traînées dans le ciel?

Ils nous expliquent que des gouvernements imposent aux compagnies aériennes de déverser des produits chimiques via les réacteurs des avions de ligne, et que c'est ce qui provoque les traînées blanches qu'on voit souvent derrière les avions, et qui restent parfois longtemps dans le ciel.

Ils appellent cela “chemtrails”, c'est l'abréviation de l'anglais “chemical trails” qui signifie “traînées chimiques”. Ce mot a été créé sur le modèle de “contrails”, le mot habituel en anglais pour désigner ces traînées: “contrails” est l'abréviation de “condensation trails” qui signifie “traînées de condensation”.

Ces affirmations sont populaires aux États-Unis depuis les années 1990, elles sont beaucoup moins connues en France.

Ils nous disent que des gouvernements (et d'abord le gouvernement américain, puisque ces affirmations viennent des États-Unis) pulvérisent des produits dangereux dans le ciel grâce aux avions de ligne, mais ils ne sont pas tous d'accord sur les motivations de ces pulvérisations. Voici un recueil d'affirmations, qui sont contradictoires entre elles:

Ils nous montrent des “preuves” sous la forme de photos telles que:

Un article de L'OBS de 2007 nous décrit plus en détail ces affirmations.

Pourquoi nous mentent-ils lorsqu'ils disent ceci?

Déjà, les photos qu'ils nous montrent sont trompeuses:

On constate que ce qu'ils nous disent est contradictoire, incohérent, et basé sur rien de concret. “Le gouvernement” (lequel?) ne peut pas simultanément vouloir compenser l'effet de serre et le provoquer à notre insu, ni simultanément vaporiser des agents infectieux et un vaccin luttant contre une maladie.

D'où viennent ces traînées en réalité?

Le phénomène des traînées blanches provient de la quantité limitée de vapeur d'eau que peut contenir l'air. Les scientifiques mesurent cela avec la “courbe de pression de vapeur saturante” de l'eau, qui est indiquée ci-dessous sous une forme plus facile à comprendre: la masse d'eau que peut contenir un mètre-cube d'air, de façon parfaitement homogène (sans gouttelettes ni aucune autre forme de brouillard). On constate que cette quantité est presque nulle à 0°C, et qu'elle devient très importante à 100°C: c'est bien connu puisque lorsqu'on fait cuire des légumes à l'étouffée, l'air à l'intérieur de la casserole est entièrement remplacé par de la vapeur d'eau, qui est totalement transparente tant qu'on retire pas le couvercle, comme on peut le vérifier si le couvercle est transparent.

Courbe de la vapeur
        saturante de l'eau, exprimée en kg / m³
Courbe de vapeur saturante de l'eau, exprimée en kg / m³

Si on met plus d'eau que l'air ne peut en contenir à une certaine température, l'excès d'eau se condense: il se transforme en gouttelettes d'eau liquide (brouillard), ou en flocons de neige si la température est négative. Dans les nuages, l'excès d'eau peut aussi se transformer en grêlons, s'il se transforme d'abord en eau liquide qui gèle ensuite.

Ce constat physique explique deux mécanismes de formation des traînées blanches derrière les avions, qui sont décrits dans les points suivants, et qui peuvent se combiner.

Mécanique n°1: la condensation des gaz brûlés

Les avions à réaction brûlent du kérosène, un hydrocarbure (produit constitué de carbone et d'hydrogène) qui s'apparente à l'essence et au gazole. Il contient environ 2.2 atomes d'hydrogène pour 1 atome de carbone, et sa formule chimique moyenne est C10H22.

Lorsqu'il brûle, le kérosène réagit avec l'oxygène de l'air O2 et produit du gaz carbonique CO2 et de l'eau H2O:

C10H22 + 15.5 O2 → 10 CO2 + 11 H2O

Le gaz carbonique, CO2, est le principal polluant responsable de l'augmentation de l'effet de serre qui provoque le réchauffement climatique: c'est une menace existentielle pour l'humanité, mais il s'agit d'un gaz incolore, on ne le remarque donc pas à la sortie des réacteurs.

Au contraire, l'eau, H2O, est un liquide aux températures habituelles, et un solide lorsque la température est négative, ce qui est souvent le cas à l'altitude où volent les avions de ligne. Dans ces conditions de basse température, la vapeur d'eau émise par les moteurs ne peut pas se mélanger à l'air, comme le montre la courbe de vapeur saturante de l'eau, et elle va donc se transformer en gouttelettes ou en flocons de neige. On appelle “condensation” la transformation d'un gaz en liquide ou en solide, les traînées blanches sont donc des “traînées de condensation”.

Lorsque ce phénomène se produit, on voit une traînée blanche derrière l'avion, et cette traînée peut ensuite se dissipe progressivement (très rapidement si l'air est chaud et sec).

Mécanisme n°2: la déstabilisation de l'air sur-saturé

Comme expliqué plus haut, l'air ne peut contenir qu'une certaine quantité de vapeur d'eau avant que celle-ci ne se condense en gouttelettes ou en flocons de neige.

Mais lorsque la température diminue progressivement, et que l'air ne peut plus contenir toute la vapeur d'eau qu'il contenait précédemment, cette condensation ne se produit pas toujours immédiatement: il faut un élément déclenchant, par exemple une impureté ou une première gouttelette d'eau, autour de laquelle la condensation va se poursuivre. Tant que ceci ne se produit pas, on dit que l'air est “sur-saturé” en vapeur d'eau: il contient plus d'humidité qu'il ne peut en contenir de façon stable, mais il ne se passe rien, il reste dans cet état instable.

Précisions (facultatives) sur le phénomène l'air sur-saturé en vapeur d'eau:

Dans la vie courante, on voit rarement de l'air sur-saturé en vapeur d'eau. Il a pourtant été très utilisé pendant la 1ère moitié du XXe siècle, dans les “chambres à brouillard” qui sont un ancien type de détecteurs de particules: c'est à l'origine des premiers progrès de la physique des particules. Dans les chambres à brouillard, un volume est rempli de vapeur d'eau (ou d'alcool), et on fait en sorte que cette vapeur se retrouve sur-saturée (en réduisant la température ou en modifiant la pression). Lorsque certaines particules traversent le volume, elles déclenchent la condensation de milliers de gouttelettes sur leur trajectoire, ce qui permet de détecter leur passage et de calculer leur trajectoire.

Un phénomène très proche, mais inverse, est l'eau sur-saturée en gaz, mieux connu sous le nom “geyser de Mentos dans le Coca Light”. Le Coca, comme les autres boissons gazeuses, est principalement de l'eau sur-saturée en CO2. En réalité le mélange CO2 reste dissout dans le liquide tant que la bouteille est sous pression et fermée, mais il y en a trop pour qu'il reste dans le liquide à pression atmosphérique, une fois la bouteille ouverte. Pourtant le gaz ne s'échappe pas d'un coup: les bulles se forment principalement sur les défauts du récipient (ce qui explique les filets de bulle qui remontent depuis le fond d'un verre de champagne, de bière ou d'eau gazeuse). Si on jette un bonbon Mentos dans une bouteille de Coca, la texture poreuse du bonbon provoque le dégagement brutal du CO2, ce qui est particulièrement violent avec le Coca Light à cause de particularités chimiques du Coca Light, ce qui est très bien décrit dans une page Wikipédia.

Dans nos cuisines, nous pouvons produire un phénomène apparenté et dangereux: l'eau sur-chauffée. Si on met de l'eau pure, dans un verre parfaitement lisse, dans un four à micro-ondes, et qu'on le chauffe pour que l'eau atteigne un peu plus de 100°C au centre du verre, l'eau ne va pourtant pas bouillir. L'eau est au-delà du point d'ébullition mais elle ne bout pas car il lui manque facteur déclenchant. Mais si on met une cuillère dans le verre, ou du café soluble ou un sachet de thé, l'eau entre immédiatement en ébullition: on peut se brûler sérieusement si on tient le verre à la main, et même se brûler très gravement le visage et les yeux si on utilise un verre haut et étroit et si on a le visage juste au-dessus. De nombreuses vidéos sur internet alertent sur ce phénomène peu connu mais dangereux, comme cette vidéo de 2014. Pour cette raison, quand on fait chauffer de l'eau au micro-onde, il est conseillé d'attendre 30 secondes avant de récupérer l'eau, il ne faut surtout pas mettre le visage au-dessus d'eau qui vient d'être chauffée au micro-onde, et il ne faut pas tenir le récipient à la main si on met quelque chose dans de l'eau qui vient d'être chauffée au micro-onde.


Dans l'atmosphère, il arrive très souvent que l'air contienne de l'humidité (par ailleurs à cause de l'évaporation de la mer ou d'un lac), et que cet air se retrouve ensuite sur-saturé en humidité à cause d'une baisse de la température (ce qui se produit tous les soirs) ou d'un courant ascendant. Dans un premier temps, l'air va rester transparent, mais il suffit d'un élément déclenchant pour que l'humidité en excès se condense en gouttelettes d'eau ou en glace.

Lorsqu'un avion traverse une zone d'air sur-saturée en humidité, il produit une perturbation qui déclenche cette condensation, du fait des changements de température et de pression. Ceci se produit prioritairement dans les réacteurs, mais pas uniquement:

Traînées de condensation
          au bout des ailes
Traînées de condensation formées par l'extrémité des ailes (image U.S. Navy, 2003, Wikipédia)

Traînées de
          condensation aux extrémités des pales d'une hélice
Traînées de condensation formées par l'extrémité des pales d'un avion à hélice (photo Wal Nelowkin, 2009, Wikipédia)

Même après son passage, la condensation induite par l'avion va continuer, pour deux raisons:

1. Les gouttelettes d'eau déjà formées (ou les flocons, ou les grêlons) permettent de condensation de plus de vapeur d'eau.

2. Les moteurs laissent aussi des polluants solides (les particules de suie), qui permettent également la condensation de l'eau.

Ainsi, lorsqu'un avion traverse le ciel à la fin d'une belle journée d'été (donc avec de l'air humide qui vient de se refroidir), il est fréquent de voir d'importantes traînées de condensation, qui non seulement persistent longtemps, et qui peuvent même continuer à grossir pendant des heures, au point de couvrir presque tout le ciel (surtout si plusieurs avions l'ont traversé).

Ce mécanisme peut se combiner au mécanisme n°1: les gouttelettes formées par la condensation des gaz brûlés du réacteur peuvent servir de germe pour provoquer la condensation de l'humidité contenue dans un air sur-saturé en humidité.

Pourquoi il faut quand même se préoccuper des traînées laissées par les avions

Comme on l'a vu, ils nous mentent, les phénomènes qui créent les traînées de condensation, qu'ils appellent “chemtrails”, n'ont rien de mystérieux ou de secret.

Il ne faudrait pourtant pas croire que les avions ne provoquent pas de graves conséquences sur la santé et le climat.

Voici une liste de conséquences négatives de ce que les avions dispersent dans l'atmosphère:


Conclusion

Ils nous ont menti, il n'y a pas de “chemtrails”, les gouvernements n'utilisent pas les avions de ligne pour disperser des produits pour nous soigner ou rendre malades, pour nous tuer ou pour nous rendre dociles, pour compenser l'effet de serre ou pour le provoquer (barrer les mentions inutiles). Les traînées blanches derrière les avions sont bien des traînées de condensation, créée soit par la condensation de la vapeur d'eau émise par les moteurs, soit par la condensation de l'humidité contenue dans une couche d'air sur-saturée en vapeur d'eau.

Ces traînées de condensation ont un impact non négligeable (bien que de très courte durée) sur le réchauffement climatique: il est urgent que le secteur aérien fasse en sorte de réduire cet impact, en particulier en modifiant les trajectoires pour éviter les zones et les heures où ce phénomène se produit avec un fort impact sur le réchauffement planétaire.

Malgré leurs mensonges démasqués ici, il ne faut pas oublier que les moteurs d'avion dispersent de nombreux polluants dans l'atmosphère, dont bien sûr le CO2 qui provoque un fort effet de serre, mais aussi des oxydes d'azote et des particules. Ni qu'il y a toujours quelques gouvernements dans le monde qui dispersent des produits dans les nuages avec des avions pour provoquer des pluies ou éviter de la grêle (et des agriculteurs qui le font à leur échelle, avec peu d'efficacité), et qu'il arrive que des avions fassent des délestages de kérosène pour se reposer en urgence à l'aéroport (c'est une faible proportion des vols mais ce n'est pas exceptionnel).

Si le trafic aérien continue à croître au rythme actuel, ce sera un problème majeur pour l'humanité, à cause du CO2, des oxydes d'azote, et des traînées de condensation (sur ce point, sauf si le secteur aérien trouve une solution, ce qui n'est pas exclu). Si de plus on voyait réapparaître une aviation commerciale supersonique, ce serait un problème majeur à cause de son impact sur l'ozone stratosphérique qui nous protège contre les UV-C.


Mots-clés: Terre santé

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