Ils nous expliquent que des gouvernements imposent aux compagnies
aériennes de déverser des produits chimiques via les réacteurs des
avions de ligne, et que c'est ce qui provoque les traînées
blanches qu'on voit souvent derrière les avions, et qui restent
parfois longtemps dans le ciel.
Ils appellent cela “chemtrails”,
c'est l'abréviation de l'anglais “chemical trails” qui signifie “traînées chimiques”. Ce mot
a été créé sur le modèle de “contrails”,
le mot habituel en anglais pour désigner ces traînées: “contrails” est l'abréviation
de “condensation trails”
qui signifie “traînées de
condensation”.
Ces affirmations sont populaires aux États-Unis depuis les années 1990, elles sont beaucoup moins connues en France.
Ils nous disent que des gouvernements (et d'abord le gouvernement
américain, puisque ces affirmations viennent des États-Unis)
pulvérisent des produits dangereux dans le ciel grâce aux avions
de ligne, mais ils ne sont pas tous d'accord sur les motivations
de ces pulvérisations. Voici un recueil d'affirmations, qui sont
contradictoires entre elles:
Ils nous montrent des “preuves” sous la forme de photos telles
que:
Un article de L'OBS de 2007 nous décrit plus en
détail ces affirmations.
Déjà, les photos qu'ils nous montrent sont trompeuses:
des traînées constituées uniquement d'eau peuvent parfaitement rester très longtemps dans le ciel: c'est le cas des nuages.
les avions de ligne ne sont pas chargés de bidons de produits chimiques (quiconque voyage en avion ou participe au chargement de la soute peut en attester). Les photos qu'ils nous montrent sont des avions préparés pour des vols d'essais, et lestés par des bidons remplis d'eau pour simuler la charge qu'ils devront porter pendant leur exploitation commerciale.
les énormes traînées sous un avion sont de l'eau larguée par un bombardier d'eau pour éteindre un incendie. Les canadairs sont des bombardiers d'eau très connus, mais bien d'autres avions sont transformés en bombardiers d'eau pour éteindre des feux de forêt, comme l'avion de ligne Dash-8 de Bombardier. La traînée peut être rouge ou rose lorsque l'eau est additivée avec des agents retardants (c'est généralement le cas aux USA et au Canada, avec un agent retardant qui est rouge vif: ce produit limite la reprise du feu, et aide aussi les pilotes à identifier les endroits où ils ont déjà largué de l'eau). Mais la plupart des personnes savent faire la différence entre l'eau larguée par un bombardier d'eau et une véritable traînée.
les traînées particulièrement colorées ou sombres qu'ils nous montrent sont généralement des fumigènes utilisés lors de meetings aériens, la pollution (suie) émise par les moteurs, ou l'effet du contre-jour (qui explique aussi que les nuages d'orage nous semblent noirs).
On constate que ce qu'ils nous disent est contradictoire, incohérent, et basé sur rien de concret. “Le gouvernement” (lequel?) ne peut pas simultanément vouloir compenser l'effet de serre et le provoquer à notre insu, ni simultanément vaporiser des agents infectieux et un vaccin luttant contre une maladie.
Le phénomène des traînées blanches provient de la quantité
limitée de vapeur d'eau que peut contenir l'air. Les scientifiques
mesurent cela avec la “courbe
de pression de vapeur saturante” de l'eau, qui est
indiquée ci-dessous sous une forme plus facile à comprendre: la
masse d'eau que peut contenir un mètre-cube d'air, de façon
parfaitement homogène (sans gouttelettes ni aucune autre forme de
brouillard). On constate que cette quantité est presque nulle à
0°C, et qu'elle devient très importante à 100°C: c'est bien connu
puisque lorsqu'on fait cuire des légumes à l'étouffée, l'air à
l'intérieur de la casserole est entièrement remplacé par de la
vapeur d'eau, qui est totalement transparente tant qu'on retire
pas le couvercle, comme on peut le vérifier si le couvercle est
transparent.
Si on met plus d'eau que l'air ne peut en contenir à une certaine
température, l'excès d'eau se condense: il se transforme en
gouttelettes d'eau liquide (brouillard), ou en flocons de neige si
la température est négative. Dans les nuages, l'excès d'eau peut
aussi se transformer en grêlons, s'il se transforme d'abord en eau
liquide qui gèle ensuite.
Ce constat physique explique deux mécanismes de formation des
traînées blanches derrière les avions, qui sont décrits dans les
points suivants, et qui peuvent se combiner.
Les avions à réaction brûlent du kérosène, un hydrocarbure
(produit constitué de carbone et d'hydrogène) qui s'apparente à
l'essence et au gazole. Il contient environ 2.2 atomes d'hydrogène
pour 1 atome de carbone, et sa formule chimique moyenne est C10H22.
Lorsqu'il brûle, le kérosène réagit avec l'oxygène de l'air O2
et produit du gaz carbonique CO2 et de l'eau H2O:
C10H22 + 15.5 O2 → 10 CO2 + 11 H2O
Le gaz carbonique, CO2, est le principal polluant
responsable de l'augmentation de l'effet de serre qui provoque le
réchauffement climatique: c'est une menace existentielle pour
l'humanité, mais il s'agit d'un gaz incolore, on ne le remarque
donc pas à la sortie des réacteurs.
Au contraire, l'eau, H2O, est un liquide aux
températures habituelles, et un solide lorsque la température est
négative, ce qui est souvent le cas à l'altitude où volent les
avions de ligne. Dans ces conditions de basse température, la
vapeur d'eau émise par les moteurs ne peut pas se mélanger à
l'air, comme le montre la courbe de vapeur saturante de l'eau, et
elle va donc se transformer en gouttelettes ou en flocons de
neige. On appelle “condensation”
la transformation d'un gaz en liquide ou en solide, les traînées
blanches sont donc des “traînées
de condensation”.
Lorsque ce phénomène se produit, on voit une traînée blanche
derrière l'avion, et cette traînée peut ensuite se dissipe
progressivement (très rapidement si l'air est chaud et sec).
Comme expliqué plus haut, l'air ne peut contenir qu'une certaine quantité de vapeur d'eau avant que celle-ci ne se condense en gouttelettes ou en flocons de neige.
Mais lorsque la température diminue progressivement, et que l'air
ne peut plus contenir toute la vapeur d'eau qu'il contenait
précédemment, cette condensation ne se produit pas toujours
immédiatement: il faut un élément déclenchant, par exemple une
impureté ou une première gouttelette d'eau, autour de laquelle la
condensation va se poursuivre. Tant que ceci ne se produit pas, on
dit que l'air est “sur-saturé”
en vapeur d'eau: il contient plus d'humidité qu'il ne peut en
contenir de façon stable, mais il ne se passe rien, il reste dans
cet état instable.
Précisions (facultatives) sur le phénomène l'air sur-saturé en
vapeur d'eau:
Dans la vie courante, on voit rarement
de l'air sur-saturé en vapeur d'eau. Il a pourtant été très
utilisé pendant la 1ère moitié du XXe
siècle, dans les “chambres à
brouillard” qui sont un ancien type de détecteurs de
particules: c'est à l'origine des premiers progrès de la physique
des particules. Dans les chambres à brouillard, un volume est
rempli de vapeur d'eau (ou d'alcool), et on fait en sorte que
cette vapeur se retrouve sur-saturée (en réduisant la température
ou en modifiant la pression). Lorsque certaines particules
traversent le volume, elles déclenchent la condensation de
milliers de gouttelettes sur leur trajectoire, ce qui permet de
détecter leur passage et de calculer leur trajectoire.
Un phénomène très proche, mais inverse, est l'eau sur-saturée en gaz, mieux connu sous le nom “geyser de Mentos dans le Coca Light”. Le Coca, comme les autres boissons gazeuses, est principalement de l'eau sur-saturée en CO2. En réalité le mélange CO2 reste dissout dans le liquide tant que la bouteille est sous pression et fermée, mais il y en a trop pour qu'il reste dans le liquide à pression atmosphérique, une fois la bouteille ouverte. Pourtant le gaz ne s'échappe pas d'un coup: les bulles se forment principalement sur les défauts du récipient (ce qui explique les filets de bulle qui remontent depuis le fond d'un verre de champagne, de bière ou d'eau gazeuse). Si on jette un bonbon Mentos dans une bouteille de Coca, la texture poreuse du bonbon provoque le dégagement brutal du CO2, ce qui est particulièrement violent avec le Coca Light à cause de particularités chimiques du Coca Light, ce qui est très bien décrit dans une page Wikipédia.
Dans nos cuisines, nous pouvons
produire un phénomène apparenté et dangereux: l'eau sur-chauffée.
Si on met de l'eau pure, dans un verre parfaitement lisse, dans un
four à micro-ondes, et qu'on le chauffe pour que l'eau atteigne un
peu plus de 100°C au centre du verre, l'eau ne va pourtant pas
bouillir. L'eau est au-delà du point d'ébullition mais elle ne
bout pas car il lui manque facteur déclenchant. Mais si on met une
cuillère dans le verre, ou du café soluble ou un sachet de thé,
l'eau entre immédiatement en ébullition: on peut se brûler
sérieusement si on tient le verre à la main, et même se brûler
très gravement le visage et les yeux si on utilise un verre haut
et étroit et si on a le visage juste au-dessus. De nombreuses
vidéos sur internet alertent sur ce phénomène peu connu mais
dangereux, comme cette vidéo de 2014. Pour cette raison,
quand on fait chauffer de l'eau au micro-onde, il est conseillé
d'attendre 30 secondes avant de récupérer l'eau, il ne faut
surtout pas mettre le visage au-dessus d'eau qui vient d'être
chauffée au micro-onde, et il ne faut pas tenir le récipient à la
main si on met quelque chose dans de l'eau qui vient d'être
chauffée au micro-onde.
Dans l'atmosphère, il arrive très souvent que l'air contienne de l'humidité (par ailleurs à cause de l'évaporation de la mer ou d'un lac), et que cet air se retrouve ensuite sur-saturé en humidité à cause d'une baisse de la température (ce qui se produit tous les soirs) ou d'un courant ascendant. Dans un premier temps, l'air va rester transparent, mais il suffit d'un élément déclenchant pour que l'humidité en excès se condense en gouttelettes d'eau ou en glace.
Lorsqu'un avion traverse une zone d'air sur-saturée en humidité,
il produit une perturbation qui déclenche cette condensation, du
fait des changements de température et de pression. Ceci se
produit prioritairement dans les réacteurs, mais pas uniquement:
Traînées de condensation formées par l'extrémité des
ailes (image U.S. Navy, 2003, Wikipédia)
Traînées de condensation formées par l'extrémité des
pales d'un avion à hélice (photo Wal Nelowkin, 2009, Wikipédia)
1. Les gouttelettes d'eau déjà formées (ou les flocons, ou les grêlons) permettent de condensation de plus de vapeur d'eau.
2. Les moteurs laissent aussi des
polluants solides (les particules de suie), qui permettent
également la condensation de l'eau.
Ainsi, lorsqu'un avion traverse le ciel à la fin d'une belle journée d'été (donc avec de l'air humide qui vient de se refroidir), il est fréquent de voir d'importantes traînées de condensation, qui non seulement persistent longtemps, et qui peuvent même continuer à grossir pendant des heures, au point de couvrir presque tout le ciel (surtout si plusieurs avions l'ont traversé).
Ce mécanisme peut se combiner au mécanisme n°1: les gouttelettes
formées par la condensation des gaz brûlés du réacteur peuvent
servir de germe pour provoquer la condensation de l'humidité
contenue dans un air sur-saturé en humidité.
Comme on l'a vu, ils nous mentent, les phénomènes qui créent les
traînées de condensation, qu'ils appellent “chemtrails”, n'ont rien de
mystérieux ou de secret.
Il ne faudrait pourtant pas croire que les avions ne provoquent
pas de graves conséquences sur la santé et le climat.
Voici une liste de conséquences négatives de ce que les avions
dispersent dans l'atmosphère:
Le CO2, créé par la combustion du kérosène, est un
gaz à effet de serre persistant et produit en grande quantité,
c'est donc la cause la plus importante du réchauffement
planétaire: la Terre risque de rapidement devenir inhabitable
pour les humains (et pour la majorité des espèces) si on
continue ainsi. Bien sûr les avions sont de plus en plus
efficaces, les low-cost réduisent encore les émissions par
voyageurs (en gCO2/voyageur.km) puisque les
voyageurs y sont très serrés, et le même trajet en paquebot ne
serait pas forcément moins polluant (sauf s'il est fait en
couchettes superposées comme jadis pour les traversées de 3e
classe), mais l'augmentation des distances parcourues en avion
dans le monde est affolante et dépasse de très loin la baisse
des émission de CO2 permise par les progrès
techniques des avions et des réacteurs.
Les NOx (oxydes d'azote: NO, NO2, NO3,
N2O) créés lors de la combustion du kérosène, du
fait de l'échauffement de l'air qui est un mélange
azote-oxygène, provoquent des pluies acides, qui menacent les
forêts, les sols et la vie marine. Certains de ces gaz
provoquent également un effet de serre très important. Enfin,
dans les zones habitées, ces gaz sont malsains et provoquent
la formation d'autres gaz nocifs ou à effet de serre. Ce
problème se pose pour toutes les combustions y compris les
feux de bois, mais dans les voitures et les chaudières
actuelles il y a des systèmes pour réduire les quantités
émises, pas dans les avions.
Comme les autres véhicules à moteur, les avions émettent
également d'autres polluants: particules de suie, produits
soufrés (en fonction du soufre contenu dans le carburant),
etc... On s'en préoccupe peu car les avions volent loin
au-dessus de nos têtes.
Les traînées de condensation elles-mêmes ont un effet climatique: elles réduisent la température en journée, et l'augmentent la nuit. Comme elles se forment plutôt le soir, leur effet moyen est un réchauffement planétaire non négligeable. Certes cet effet est temporaire (si les avions cessent de voler aujourd'hui, l'effet aura disparu demain), mais étant donné que des avions volent en permanence, elles contribuent réellement au réchauffement climatique et peuvent déclencher des phénomènes en cascade. Il y a des projets pour réduire ce phénomène en imposant aux avions de contourner les endroits où pourraient se former les traînées de condensation avec le plus d'impact sur le réchauffement climatique.
Depuis des décennies, il y a des gouvernements qui envisagent de provoquer des pluies en dispersant des poussières avec des avions, dans des nuages ou dans de l'air saturé en humidité, pour lutter localement contre la sècheresse, ou au contraire pour éviter la pluie plus loin à un endroit où se tient une cérémonie. Ces tentatives ont toujours eu un succès assez limité, mais elles existent encore dans certains pays du monde, comme les USA, la Chine ou la Russie. En France, on n'utilise pas d'avions pour cela, mais des agriculteurs utilisent des fusées anti-grêle, l'objectif est le même et l'efficacité très incertaine. On peut s'inquiéter de ces tentatives, heureusement très limitées, de modifier la météo (on n'en est pas à modifier le climat): il peut y avoir des conséquences environnementales, géopolitiques, voire sanitaires.
De nombreux avions peuvent relarguer du kérosène avant de se poser, ce qui est évidemment polluant et nocif pour la végétation. Ce n'est pas systématique puisque c'est une perte pour les compagnies, et ça n'arrive que dans des cas spéciaux: lorsqu'un avion long-courrier part avec une pleine charge de carburant et doit se poser en urgence à cause d'une avarie, il peut être plus lourd que la limite autorisée à l'atterrissage, et dans ce cas il doit se délester d'une partie de son kérosène. Les conséquences sont jugées faibles, mais les quantités ne sont pas négligeables à proximité de certains grands aéroports.
Les avions supersoniques (comme l'ancien Concorde franco-britannique), volant à très haute altitude, détruisent la couche d'ozone stratosphérique qui est essentiel pour nous protéger (nous les humains, mais aussi les plantes) contre les rayonnements UV les plus nocifs. Heureusement, il n'y a presque plus aucun avion de ce type, à part des avions militaires en faible nombre, mais des projets de relancer l'aviation supersonique resurgissent périodiquement et pourraient avoir de graves conséquences pour l'humanité, en plus de la consommation démesurée de carburant et des émissions associées.
Ils nous ont menti, il n'y a pas de “chemtrails”, les gouvernements n'utilisent pas les avions de ligne pour disperser des produits pour nous soigner ou rendre malades, pour nous tuer ou pour nous rendre dociles, pour compenser l'effet de serre ou pour le provoquer (barrer les mentions inutiles). Les traînées blanches derrière les avions sont bien des traînées de condensation, créée soit par la condensation de la vapeur d'eau émise par les moteurs, soit par la condensation de l'humidité contenue dans une couche d'air sur-saturée en vapeur d'eau.
Ces traînées de condensation ont un impact non négligeable (bien que de très courte durée) sur le réchauffement climatique: il est urgent que le secteur aérien fasse en sorte de réduire cet impact, en particulier en modifiant les trajectoires pour éviter les zones et les heures où ce phénomène se produit avec un fort impact sur le réchauffement planétaire.
Malgré leurs mensonges démasqués ici, il ne faut pas oublier que les moteurs d'avion dispersent de nombreux polluants dans l'atmosphère, dont bien sûr le CO2 qui provoque un fort effet de serre, mais aussi des oxydes d'azote et des particules. Ni qu'il y a toujours quelques gouvernements dans le monde qui dispersent des produits dans les nuages avec des avions pour provoquer des pluies ou éviter de la grêle (et des agriculteurs qui le font à leur échelle, avec peu d'efficacité), et qu'il arrive que des avions fassent des délestages de kérosène pour se reposer en urgence à l'aéroport (c'est une faible proportion des vols mais ce n'est pas exceptionnel).
Si le trafic aérien continue à croître au rythme actuel, ce sera
un problème majeur pour l'humanité, à cause du CO2, des
oxydes d'azote, et des traînées de condensation (sur ce point,
sauf si le secteur aérien trouve une solution, ce qui n'est pas
exclu). Si de plus on voyait réapparaître une aviation commerciale
supersonique, ce serait un problème majeur à cause de son impact
sur l'ozone stratosphérique qui nous protège contre les UV-C.