Pluie de débris après l'explosion d'une fusée SpaceX Starship d'Elon Musk, lors de l'échec de son lancement le 16 janvier 2025 au Texas
Comme chacun sait, Elon Musk est un Sud-Africain, installé aux USA dont il a pris la nationalité, qui possède et dirige plusieurs multi-nationales de première importance, dont les principales sont Tesla (voiture électriques), SpaceX (lanceurs spatiaux), Starlink (accès internet grâce aux satellites de SpaceX), et X-Twitter (ancien réseau social devenu média d'extrême-droite).
Musk attire l'attention par son extrême richesse (c'est l'homme
le plus riche du monde) et du poids considérable pris par ses
entreprises, mais aussi et surtout son comportement, ses prises de
position et son énorme influence politique, comme nous allons le
voir.
Musk soutient le nazisme
Cet aspect est devenu évident le lundi 21 janvier 2025, lors de
l'investiture de Donald Trump comme président des USA, lorsque
Musk a ostensiblement fait un salut nazi: pas un simple “coucou”
mais un salut bien caractérisé, que les groupes néo-nazis ont bien
interprété comme tel et dont ils se sont réjouis.
Le salut nazi d'Elon Musk le lundi 21 janvier 2025
Ce geste n'était pas accidentel: Musk venait de faire la
promotion, pendant plus d'une heure, d'Alice Weidel, candidate du
parti néo-nazi AfD (Alternative pour l'Allemagne) pour les
élections législatives allemandes du 23 février 2025, soit une
ingérence exceptionnelle dans la vie politique allemande. Cette
interview, comme les médias non fascistes l'ont noté (exemple dans l'Humanité), contenait
d'innombrables mensonges grossiers faisant la promotion du nazisme
ou le relativisant, comme Hitler qualifié de communiste (alors
qu'il était soutenu par le grand capital allemand).
Le parti AfD, initialement eurosceptique et dénonçant le risque d'endettement provoqué par la monnaie unique, s'est ensuite radicalisé au point de devenir ouvertement nazi et de multiplier les références à Adolf Hitler, jusqu'à comploter pour déporter 2 millions de citoyens, dont 1 million d'étrangers (majoritairement en situation légale, certains en Allemagne depuis 3 générations), et 1 million d'Allemands qualifiés de “mauvais Allemands” et qu'ils veulent déchoir de leur nationalité, comme Hitler l'avait fait avec les Allemands juifs. Connu en janvier 2024, ce projet avait provoqué un grand émoi dans le pays.
Elon Musk a lui aussi multiplié les références nazis (on parle de “clins d'œil”, ou en anglais “dog whistles”, pour ces messages destinés à être parfaitement compris d'un public radicalisé tout en étant niés auprès du public général). Notamment des références au slogan néo-nazi “14-88”, où 14 fait référence à “la phrase à 14 mots” (voir page Wikipedia en anglais), à savoir “We must secure the existence of our people and a future for white children” (Nous devons garantir l'existence de notre peuple et un avenir pour les enfants blancs), et 88 est un code pour “Heil Hitler” (ou HH, sachant que H est la 8e lettre de l'alphabet). Voir ainsi ce tweet de Trump (une citation de Napoléon justifiant toutes les violations de l'état de droit au nom du soi-disant intérêt du pays), retwitté par Elon Musk le 15 février 2025 à 14h14 (heure de New-York) et comportant 14 drapeaux américains:
Clin d'œil néo-nazi d'Elon Musk sur X-Twitter:
les 14 drapeaux postés à 14:14, référence à la “phrase aux
14 mots”
Clin d'œil néo-nazi d'Alice
Weidel, candidate de l'AfD, à son congrès du 11
janvier 2025:
les 8 + 8 drapeaux allemands, référence au code “88”
signifiant “HH” pour “Heil Hitler”
Traduction:
– Musk, 16/02/2025: L'une des
premières décisions de Hitler à son arrivée au pouvoir
a été d'instaurer une censure agressive
– 60 Minutes, 17/02/2025:
Le Président Trump dit que USAID [organisme
américain d'aide humanitaire et d'influence diplomatique]
regorge d'impostures. Mais Andrew Natsios, du Parti
Républicain, ancien administrateur de USAID, nomme ceci
une “absurdité sans nom”. Mr Natsios dit que USAID est
“l'agence d'aide humanitaire la plus digne de confiance du
monde.”
– Musk, 17/02/2025:
“60 Minutes” sont les plus gros menteurs du monde! Ils se
sont engagés dans une tromperie délibérée pour interférer
dans la dernière élection. Ils méritent
une longue peine de prison.
Comme les nazis, Elon Musk est raciste et un suprématiste blanc
Elon Musk est un Sud-Africain, et il a quitté son pays à 17 ans,
peu avant que le régime raciste de l'apartheid ne disparaisse.
C'est-à-dire qu'il a grandi dans un monde où il était normal que
l'État soit officiellement raciste, que la petite minorité des
“blancs” (chaque citoyen était classé en “blanc”, “noir”,
“asiatique” ou “métis”) ait tous les droits et que la grande
majorité des “noirs” soit maintenue en quasi-esclavage et sans
aucun droit. Sa famille, typiquement “afrikaner” (les blancs
descendant des colons européens et parlant une langue issue du
néerlandais), était profondément raciste et encore aujourd'hui son
père revendique ses opinions réactionnaires (par ailleurs ses relations avec Elon Musk sont excécrables).
Ces opinions suprématistes (supériorité de l'homme blanc sur les
femmes et sur les hommes d'autres couleurs de peau) se voient dans
sa stratégie (il est le plus intelligent donc il doit concentrer
tout le pouvoir et tout l'argent du monde), et dans ses rêves
farfelus (envoyer 1 millions d'hommes blancs triés sur Mars pour
sauver la race blanche, condamnée à mort sur la planète Terre
qu'il aura lui-même largement contribué à détruire, et à la
dégénérescence à cause des mariages inter-raciaux).
Musk est hostile à la démocratie et à l'état de droit
L'hostilité d'Elon Musk envers la démocratie se voit à son mépris
pour les classes populaires, conformément à l'idéologie de sa
famille et datant du régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Elle
rejoint celle que l'on trouve au Parti Républicain américain, avec
d'innombrables stratégies visant à interdire aux électeurs noirs
ou favorables au Parti Démocrate de voter aux élections ou que
leur voix soit entendue, le soutien à des crimes racistes commis
par certaines polices américaines envers les citoyens noirs, le
remplacement des juges compétents par des Conservateurs
décomplexés à la Cour Suprême, et les attaques contres les
procureurs et les juges qui ne lui sont pas soumis.
Son hostilité envers l'état de droit est encore plus remarquable,
car jusqu'à présent même les pires décisions passaient par des
formes juridiquement cohérentes (à l'instar des “lettres de
cachet” des rois français: elles étaient dictatoriales
puisqu'elles permettaient au roi d'incarcérer sans charge
n'importe quelle personne, mais elles correspondaient à une forme
d'état de droit puisqu'elles étaient un texte juridique prévu par
le régime, et le roi n'aurait pu faire incarcérer personne en
l'absence de ce document). Or au sein d'un groupe nommé
“Département de l'efficacité du gouvernement” (en anglais: DOGE),
en constate en février 2025 qu'il multiplie des décisions
extrêmement lourdes de conséquences hors de tout cadre légal, en
court-circuitant toute voie hiérarchique.
Mélange de genres, conflits d'intérêts, risques de corruption
Avec la volonté d'Elon Musk et de Donald Trump de court-circuiter
toute légalité, les décisions sont prises directement par les
entreprises qui vont en bénéficier, ou par des personnes qui en
sont très proches: c'est à tout le moins un mélange de genres et
un conflit d'intérêts permanent.
En octobre 2022, Elon Musk a acheté le réseau social Twitter pour
44 milliards de dollars, ensuite renommé “X”.
Sa première décision a été de supprimer tous les services de
modération, permettant de lutter (d'ailleurs imparfaitement)
contre les messages haineux et racistes, et contre les messages
mensongers ou trompeurs.
Le logiciel a ensuite été modifié pour que X-Twitter ne soit plus
un réseau social (permettant à des utilisateurs d'échanger des
opinions dans un certain cadre), mais un média d'extrême-droite,
diffusant un message bien précis, et au service d'un objectif
clair: la prise de pouvoir de l'extrême-droite en général, et de
Musk en particulier.
Une conséquence évidente est la mise en avant des messages postés
par Elon Musk lui-même: tous les utilisateurs se voient imposer
l'affichage de ses messages, sans qu'ils n'aient choisi de le
suivre, et une invitation à le suivre. On peut y échapper en
masquant le compte “Elon Musk”, mais il faut alors renoncer à voir
ses propres messages présentés par X-Twitter à d'autres
utilisateurs.
Une autre conséquence est la mise en avant de comptes
complotistes et d'extrême-droite, tels que ceux de Florian
Philippot (ancien cadre du FN tenant un discours encore plus
complotiste que le FN), d'Étienne Chouard (ancien militant contre
le projet de Constitution Européenne de 2005, devenu militant
complotiste d'extrême-droite), et une multitude de mouvements
complotistes anti-vaccination et anti-médecine.
Avant l'élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024, le
média X-Twitter a été entièrement mis au service du candidat
Donald Trump, lui apportant les quelques points qui ont permis son
élection.
On a vu le soutien massif (financier et informationnel) de Musk à
Trump pour la campagne présentielle de 2024.
Mais Donald Trump n'est pas uniquement le représentant de la
droite américaine ultra-conservatrice, suprématiste, raciste, liée
aux chrétiens évangéliques, et favorable au génocide des
Palestiniens (ce qu'on appelait jadis le Tea Party, et aujourd'hui
le clan Trump baptisé “MAGA” pour Make America Great Again).
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, c'est également un
dirigeant totalement asservi à Vladimir Poutine, le dictateur
russe, et à son agression contre l'Ukraine et l'Europe en général.
Les initiatives de Trump en faveur de Poutine sont déconcertantes
par rapport au rôle traditionnel des USA d'allié de l'Europe et de
soutien contre la dictature nazi ou stalinienne. Elles incluent:
Toutes ces annonces semblent indiquer que Poutine dispose d'un
moyen de pression très efficace sur Trump. Bien sûr il peut d'agir
d'avantages financiers, ou même de l'utilisation de la naïveté et
de la fatuité de Trump (mais il ne faut pas le sous-estimer
ainsi); toutefois, connaissant la tradition des méthodes du KGB
(aujourd'hui “FSB”) et sachant que Poutine est un ancien
responsable du KGB, on peut également penser à l'existence d'un
éventuel “kompromat” (pièce compromettante, en russe), par lequel
Poutine serait en mesure d'envoyer Trump dans les prisons
américaines pour le reste de sa vie.
Elon Musk intervient également dans ces manœuvres en faveur de
Poutine:
Elon Musk est un génie hors pair du marketing. Avec Tesla il
avait réussi à faire comme Apple: se créer une population de
clients ultra-fidèles, prêts à payer 2 ou 3 fois plus que ce
qu'ils paieraient chez d'autres fournisseurs et excuser tous les
problèmes qu'ils rencontrent.
Il a étendu le marketing jusqu'à des secteurs habituellement
discrets, comme les lanceurs spatiaux. On ne voit pas de
publicités pour les fusées Ariane (tout au plus quelques articles
publiés grâce aux informations transmises par le service de presse
d'Arianespace) ou pour les fusées indiennes ou chinoises (à part
une propagande d'État très officielle): dans ce secteur très
professionnel, la logique est de ne démarcher que les clients
potentiels, à savoir les États, les opérateurs de
télécommunication, les constructeurs de satellites, etc... Tandis
que le lancement des fusées SpaceX est devenu une sorte de film à
grand spectacle à destination du grand public.
Il exploite au maximum toutes les synergies marketing possibles:
les astronautes décollant dans une fusée SpaceX arrivent au pas de
tir dans une voiture Tesla, ils ont devant eux un écran similaire
à celui des voitures Tesla (il n'est pas certain que ce soit le
plus pertinent sur le plan technique), Musk a envoyé une maquette
de voiture Tesla dans l'espace, au point de Lagrange L2, d'où elle est en train de dériver et risque un jour
de percuter un engin spatial utile, et qui a même été confondue avec un astéroïde. Bien sûr les
lancements sont diffusés sur X-Twitter, tout comme les discours
nazis et mensongers d'Elon Musk.
Dans le secteur automobile, la stratégie de Musk a été assez
classique dans son principe: d'abord du luxe fabriqué en petite
série et vendu très cher par rapport à la concurrence, puis des
engins de catégorie plus banale construits à très grande échelle
comme c'est l'usage dans le monde automobile.
Le marketing a fait le reste, dont les articles sur les
“gigafactories” (giga-usines, faisant référence à des usines
d'assemblage de batteries dont la capacité électrique cumulée sur
l'année dépasse 1 GWh = un giga-Watt.heure), notamment pour
inciter les gouvernements à accorder des subventions ou des
passe-droits fiscaux pour ces usines.
Mais c'est dans le spatial que le passage à l'échelle
industrielle est le plus original: SpaceX a utilisé des
technologies très basiques et pas les plus efficaces (par exemple
des moteurs à kérosène et plutôt qu'à hydrogène liquide), mais
industrialisées à l'extrême, loin des méthodes presque artisanales
du spatial. La véritable nouveauté, permettant une forte réduction
des coûts, n'est pas la récupération de certains étages des
lanceurs, mais le lancement de lots de 20 satellites ou plus dans
la même fusée, grâce à une forme plate, et à la technique des
moteurs ioniques (électriques) déjà utilisés depuis des années et
qui permettent aux satellites de rejoindre eux-mêmes leur position
définitive en orbite basse, depuis le point où la fusée les a
largués.
Techniquement, les sociétés de Musk utilisent souvent des
technologies courantes, voire grand public, dans des domaines où
c'est inhabituel, ce qui peut être plus économique, mais parfois
moins fiable:
Voitures: châssis en aluminium moulé sous pression, presque d'une seule pièce. Au prix d'un investissement élevé, cette technique réduit le coût unitaire de fabrication (hors coût du métal, plus cher que l'acier). Mais l'inconvénient est la grande difficulté à réparer la pièce si elle est cassée suite à un choc. À l'inverse, un châssis en acier peut généralement être redressé, renforcé et repeint.
Batteries lithium: utilisation de piles lithium standard (en format cylindrique, ayant pu être utilisés dans des PC portables), en très grand nombre, plutôt que les éléments de forte dédiés aux applications de forte puissance, et réduction du nombre de système de sécurité contre le risque de surchauffe. Mais les choix de Tesla ont ensuite évolué, et ils utilisent aujourd'hui des piles lithium cylindriques de grandes dimensions, et donc mieux adaptées à l'application.
Lanceurs spatiaux: technologie basique (au kérosène, mais SpaceX envisage une évolution vers le méthane liquide), systèmes peu validés: le nombre d'échecs est très important dans les premiers tirs. À l'inverse, les tirs Ariane sont d'une grande fiabilité, même pour le premier tir d'une toute nouvelle fusée, car tout a été validé à l'avance (essais des composants séparés, modélisation très précise de l'ensemble, vérifications poussées). À noter toutefois que le grand constructeur Boeing a également connu de graves défaillances liées à un allègement excessif des procédures de contrôle et le refus de remettre en cause des choix techniques malheureux.
Satellites: matériel peu coûteux, envoyé en très grand nombre, avec une courte durée de vie (5 ans), sans sécurisation particulière des échanges. Nous ne connaissons pas leur taux de défaillance, mais il en résulte nécessairement un taux élevé de débris spatiaux dans une orbite où leur durée de vie est assez longue, et le nombre de satellites retombant sur terre de façon non contrôlée est montée en flèche, ce qui commence à poser des problèmes de sécurité (par exemple: 120 chutes de satellites Starlink en janvier 2025). Si la majeure partie de la masse des satellites se désintègre en rentrant dans l'atmosphère, il y a toutefois des composants très solides qui arrivent entier (par exemple des réservoirs d'hélium en titane), et la masse totale de métaux spéciaux ainsi dispersés dans l'atmosphère ne peut plus être ignorée comme lorsque les satellites étaient peu nombreux.
Par exemple la transformation de Twitter en média d'extrême-droite lui a fait perdre beaucoup d'utilisateurs et énormément d'annonceurs.
Son soutien aux mouvements néo-nazis a provoqué un effondrement
des ventes de voitures Tesla et du cours en bourse de l'entreprise
au début 2025.
Son retrait de l'entreprise OpenAI, peu avant le développement de
ChatGPT, l'a exclu d'un succès mondial extraordinaire.
Mais ces échecs industriels sont-ils des échecs financiers?
Sacrifier Twitter, même si son achat a coûté 44 milliards de
dollars, peut être parfaitement rentable puisqu'il lui permet
d'arriver au pouvoir via Donald Trump, et donc d'orienter les
décisions et les achats de l'administration américaine en faveur
de ses entreprises, c'est-à-dire de transformer la démocratie
américaine en oligarchie dont il est l'un des principaux
bénéficiaires. Avec toutefois le risque que la démocratie résiste,
que la Justice arrive à bloquer les conflits d'intérêt et la
corruption, ou que Donald Trump décide de se passer de ses
services ou même de l'envoyer en prison.
On ne nous a pas menti, Elon Musk est un génie du marketing,
capable également de développer des industries à partir de
technologies éprouvées.
Mais politiquement, il est réellement dangereux: il est important
d'en être conscient, et de prendre toutes les dispositions pour
s'en protéger, au niveau individuel aussi bien que collectif
(entreprises, États, politique).