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L’homéopathie, une porte d’entrée

Ils nous disent que l'homéopathie est une pratique sérieuse et non un simple placebo sans conséquence. Pour une fois, ils ont raison: nous allons voir tout ce que permet l'homéopathie, qui est la première “médecine alternative” que rencontrent la plupart des Français.

Alors que les homéopathes sont souvent accusés de vendre d'inefficaces et inoffensifs granules de lactose, nous allons voir que l'homéopathie va bien au-delà de cela.

En réalité, si l'homéopathie a généralement peu d'effets directs, elle est la porte d'entrée privilégiée vers la plupart des autres “médecines parallèles”, et vers beaucoup d'autres discours. Et si l'homéopathie brasse déjà énormément d'argent (surtout en France), ce n'est rien par rapport à l'ensemble du marché des “médecines parallèles”.

Sur cette page, on discute d'abord de l'homéopathie, puis des autres “médecines parallèles”.

Tube de granules homéopathiques
La France héberge le siège mondial de l'industriel Boiron, leader mondial de l'homéopathie en chiffre d'affaires (500 millions d'euros)

Présentation de l'homéopathie

L'origine et les principes: Samuel Hahnemann

L'homéopathie a été inventée, entre autres, par Samuel Hahnemann (1755–1843), un médecin né en Prusse (aujourd'hui Allemagne), qui a d'abord exercé à Hermannstadt en Transylvanie (aujourd'hui Sibiu en Roumanie), où il est devenu franc-maçon, puis dans différentes villes allemandes, avant de terminer sa carrière à Paris. L'homéopathie reste particulièrement pratiquée en Allemagne et en France, mais elle existe également dans beaucoup d'autres pays d'Europe et du monde.

L'homéopathie se base exclusivement sur les symptômes, sans chercher à comprendre la cause des maladies. Les premiers homéopathes ont compilé les symptômes provoqués par toutes sortes de poisons (plantes toxiques, venins, minéraux...). Lorsqu'un patient souffrait d'une maladie, Hahnemann lui prescrivait, à dose infinitésimale, un poison provoquant des symptômes similaires. Il appelait cela “soigner le mal par le mal”, d'où le nom “homéopathie”, combinaison de racines grecques signifiant “identique à la maladie”.

On pourrait s'étonner à la fois de l'idée de “soigner le mal pas le mal”, et de s'intéresser uniquement aux symptômes sans rechercher les causes, mais le contexte permet de mieux comprendre:

1) Injecter le mal, c'est précisément le principe de la vaccination, qui venait d'être inventée et de sauver énormément de vies (contre la variole, qui faisait des épidémies très mortelles). Contre la variole, on avait utilisé:

2) Traiter le symptôme indépendamment de cause, c'est encore aujourd'hui la base de la médecine d'urgence (qu'il s'agisse d'une hémorragie, d'un arrêt cardiaque, d'une insuffisance pulmonaire, ou d'une variation critique des constantes vitales telles que le taux de glucose ou de potassium). En 1800, c'est aussi la principale manière de guérir les maladies infectieuses: puisqu'il n'y avait ni antibiotiques, ni a fortiori d'antiviraux, il fallait d'abord sauvegarder les fonctions vitales du patient jusqu'au moment où il aurait lui-même éliminé le pathogène.

Cependant les principes de l'homéopathie sont troublants car:

L'usage actuel

L'homéopathie est vendue principalement sous les formes suivantes:

La reconnaissance officielle de l'homéopathie

Le statut officiel de l'homéopathie est très variable d'un pays à l'autre, et globalement en baisse (pour les raisons indiquées plus loin sur cette page):

Les bénéfices et risques (directs) de l'homéopathie

Par l'usage du produit lui-même

D'une manière générale, on considère que l'homéopathie n'a aucun effet direct, ni bénéfique ni négatif.

Il n'y a aucune étude clinique qui montre une efficacité d'un produit homéopathique, ce qui est logique, puisque leurs ingrédients n'ont pas été choisis sur la base de leur efficacité mais sur la base d'une théorie surprenante (les symptômes d'empoisonnement qu'ils donnent à forte dose).

Les risques sont normalement faibles, car les poisons ne sont présents qu'à dose infinitésimale ou même totalement absents. Ceci ne concerne pas les produits présentés comme homéopathiques mais contenant des doses notables de produit actif (comme Valeriana 3 DH, déjà citée).

L'excipient peut être dangereux pour quelques personnes: le lactose des granules pour les intolérants sévères au lactose, ou l'alcool de certains produits en gouttes pour des anciens alcooliques susceptibles de rechuter.

L'effet placebo est souvent cité comme bénéfice de l'homéopathie: le patient va mieux parce qu'il pense que son médecin l'a entendu et s'est bien occupé de lui. Mais l'effet placebo fonctionne grâce à l'empathie du médecin et à son écoute, il ne nécessite pas de prescrire un produit, et encore moins de promettre au patient des effets imaginaires: le médecin peut tout aussi bien demander au patient de prendre un verre d'eau chaque matin pendant une semaine, l'effet placebo fonctionnera tout aussi bien.

Par l'usage induit d'autres médicaments

Les homéopathes prescrivent systématiquement des produits, et souvent une longue liste. Outre l'effet négatif sur le porte-monnaie du patient, cette pratique augmente le réflexe, dangereux, de prendre un médicament même lorsque ce n'est pas indispensable. Car chaque médicament ayant une efficacité comporte également un risque, le réflexe doit donc être de ne prendre un médicament que si on sûr que la balance bénéfices-risques sera favorable. Par exemple l'abondante publicité (les homéopathes font beaucoup de la publicité) pour le “Sédatif PC” (Boiron), présenté comme anti-stress homéopathique, risque de créer un réflexe qui contribue à l'abus d'anxiolytiques, de tranquillisants et de somnifères en France.

Par le renoncement à des soins

Ceci est le risque direct le plus sérieux pour le patient: vouloir à tout prix renoncer aux médicaments “allopathiques” (c'est-à-dire tous les autres médicaments), y compris dans des cas graves (cancers), pour des maladies chroniques nécessitant un traitement (diabète, hypertension,...), ou pour des traitements préventifs (vaccination contre des maladies graves). Si cette dérive est très rare sur le cancer, elle est bien plus fréquente sur les vaccins des enfants.

En France, ce risque est limité parce que les homéopathes sont pour la plupart des médecins diplômés, qui ne prescrivent de l'homéopathie que lorsqu'ils savent que le patient n'a besoin d'aucun médicament, mais qui insistent sur l'utilité d'un vrai médicament en cas de maladie nécessitant un traitement, et affirment que l'homéopathie les aidera à supporter les traitements anti-cancéreux. Mais on trouve très facilement des charlatans qui expliquent comment, en Inde, on guérit des cancers incurables avec l'homéopathie: c'est faux, c'est criminel de dire cela, et de dissuader des personnes de prendre les médicaments indispensables à leur survie.

Les risques sont pires dans les pays où la médecine est moins encadrée, et hors du milieu médical (milieu des “naturopathes”, cercles ésotériques, “stages” organisés par des gourous, sectes...). Il arrive, même en cas de cancer, que des patients se laissent mourir après qu'un charlatan (payé fort cher) les a convaincus d'arrêter leur traitement pour se soigner avec des méthodes alternatives, dont l'homéopathie peut faire partie.

L'homéopathie, d'abord une porte d'entrée vers les “médecines alternatives”

La principale “médecine alternative” en vitrine à la Faculté

En France, l'homéopathie est enseignée dans certaines facultés de médecine ou de pharmacie (ce qui suscite une critique croissante de la part des médecins, et de l'Académie de Médecine), elle est prescrite par des médecins reconnus par la Sécurité Sociale, et elle est vendue en pharmacie avec le statut de médicament. Ceci met en cause l'ensemble de la démarche scientifique en médecine, et les principes mêmes de la médecine:

Le discours anti-scientifique du lobby homéopathique

Si les homéopathes se contentaient de prescrire des produits inefficaces, ce serait grave mais l'impact pourrait être limité.

Malheureusement, ils jouent également, pour certains, un rôle actif dans le dénigrement de l'ensemble de la médecine. Ils argumentent ainsi que:

L'engrenage vers les autres pseudo-médecines

Une fois que les patients sont convaincus qu'il est légitime de se “soigner” avec une méthode aussi dénuée de rationalité et de preuves d'efficacité que l'homéopathie, et que les méthodes scientifiquement justifiées et cliniquement validées sont dangereuses et malhonnêtes, il ne suffit plus que d'un mot pour les faire basculer de façon bien plus massive dans les pseudo-médecines.

Voici une liste de méthodes relevant peu ou prou de la pseudo-médecine, ceci ne signifiant pas que toutes les personnes qui les pratiquent soient malhonnêtes.

D'abord une liste de pseudo-médecines qui ont une certaine forme de reconnaissance officielle, et même d'efficacité:
Mais on pourrait faire une liste infinie des pseudo-médecines sans aucune reconnaissance ou indice d'efficacité:

Conclusions

Ils vous mentent: l'homéopathie ne vous soigne pas, et quand on comprend comment elle a été inventée et comment elle est promue par le lobby homéopathique, ce serait l'inverse qui serait surprenant.

L'homéopathie peut même vous tuer, si vous prenez de l'homéopathie quand vous devriez aller voir un vrai médecin.

C'est heureusement très rare, mais le risque principal de l'homéopathie, en-dehors de prendre l'habitude d'avaler des comprimés ou des gouttes à tout bout de champ et sans justification sérieuse, est de basculer dans le monde dangereux et souvent sectaire des pseudo-médecines.

On peut comparer cela à la série télévisée “X-Files – Aux frontières du réel”, qui n'était pas dangereuse par elle-même, mais qui a poussé toute une génération dans une infinité de thèses complotistes. En ce qui concerne les pseudo-médecines, l'homéopathie est souvent le maillon faible qui de briser la digue de la rationalité face aux promesses d'un gourou ou d'un charlatan. Ce n'est toutefois pas toujours le cas, et on trouve aussi des personnes qui ont basculé dedans directement à cause des mensonges sur les vaccins du Covid (mensonges propagées par l'extrême-droite, par les faux comptes russes et chinois sur les réseaux sociaux, et par les anti-vax “historiques” issus du monde des pseudo-médecines ou du monde des intégristes catholiques ou évangéliques opposés à la vaccination contre le papillomavirus humain).


Mots-clés: santé Big Pharma sectes pseudo-sciences

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