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La physique: le magnétisme, la mécanique quantique...

Énergies, vibrations, magnétisme, mécanique quantique: ils nous impressionnent en utilisant des mots qui viennent des branches les plus modernes des sciences physiques, ils font des phrases auxquelles nous ne comprenons rien et ils veulent que nous pensions qu'ils sont très intelligents, mais en réalité ce qu'ils disent n'a rien à voir avec la physique et leurs phrases ne veulent rien dire. Cette page décrit rapidement quelques théories scientifiques, et ce qu'en disent ceux qui nous mentent.

On explique aussi le but qu'ils poursuivent en nous mentant ainsi.

Flux magnétique
        autour d'un électro-aimant
Le magnétisme est l'une des théories physiques souvent citées par ceux qui nous mentent

Le but de la physique: calculer et prédire des phénomènes

Ouvrez un livre de physique, vous y trouverez des tas d'équations, souvent complexes. Ce n'est pas pour impressionner le néophyte, c'est tout simplement que le seul but de chaque théorie physique est de calculer un phénomène, avec un résultat assez précis pour vérifier si la prédiction ainsi calculée est validée par l'expérience. Si la théorie est validée, elle peut ensuite être utilisée par des ingénieurs pour calculer les machines qu'ils vont inventer. Nous allons immédiatement voir un exemple concret.

En attendant, on peut déjà retenir que si quelqu'un prétend utiliser des théories physiques mais qu'il n'a besoin de faire aucun calcul, c'est qu'il ne fait en réalité pas de physique. Tout comme on ne peut pas faire de littérature sans utiliser des mots, on ne peut pas faire de physique sans utiliser des calculs: on peut parfois expliquer certaines théories physiques sans faire de calculs (ou pas beaucoup), en disait “on a calculé que...”, mais on ne peut pas les utiliser sans faire de calculs.

L'énergie

Ils ne cessent de parler d'énergies, de sentir l'énergie, de la transférer, de la débloquer. Ça ne veut pas dire grand chose, mais en vrai c'est quoi l'énergie?

L'énergie en physique

Intuitivement, l'énergie est ce qui permet à un moteur de tourner et de propulser un véhicule ou de soulever une charge, et ce qui permet de chauffer une maison ou une casserole. Mais cette notion n'est devenue utile que lorsque les physiciens ont su comment calculer l'énergie, et qu'ils ont montré la loi de la conservation de l'énergie: l'énergie change de forme, mais la quantité totale d'énergie reste la même.

Voici un exemple simple de calcul d'énergie et de prédiction obtenue grâce à ce calcul.

On lance une balle en l'air, cette balle contient de l'énergie: elle nous fera mal en nous frappant. On sait calculer l'énergie correspondant au mouvement, qu'on appelle “énergie cinétique”, avec cette formule:

$$E_c={1\over 2}m.v^2 $$

avec:

Donc si on lance une balle pesant 100 g à une vitesse de 10 km/h, on a \(m=0.1\), \(v=10/3.6\), et on obtient \(E_c=0.385\): l'énergie cinétique de cette balle est de 0.385 Joules.

Maintenant, prenons la balle et plaçons-la en hauteur. À nouveau, elle contient de l'énergie: si on la laisse tomber, elle pourra nous faire mal. Cette énergie s'appelle “énergie potentielle” et est calculée avec cette autre formule:

$$ E_p = m.g.h $$

avec:

Donc si on soulève la balle pesant 100 grammes d'une hauteur de 2 mètres, on lui donne une énergie potentielle de 1.96 Joules.

Pour l'instant, ces calculs ne servent à rien, mais il est facile de les utiliser pour faire des prédictions.

Supposons que nous lançons la balle vers le haut avec une certaine vitesse, \(v\), et que l'on veut savoir quelle hauteur \(h\) elle va atteindre.

Au moment où la balle cesse de monter et va commencer à retomber, il y a un instant infiniment court où elle ne bouge plus, donc elle n'a plus d'énergie cinétique mais uniquement de l'énergie potentielle. La conservation de l'énergie nous dit que l'énergie cinétique du départ s'est transformée en énergie potentielle, ce qu'on écrit ainsi:

$$ m.g.h = {1 \over 2} m.v^2 $$

Même si on ne connaît pas la masse \(m\), on sait que si les deux termes de l'égalité sont identiques, alors ils restent identiques si on les divise tous les deux par la même valeur \(m\), puis par la même valeur \(g\), et ainsi l'égalité précédente devient celle-ci:

$$ h = {v^2 \over 2g} $$

Ces calculs nous permettent donc de prédire à quelle hauteur va monter la balle.

Si on lance la balle à 10 km/h, verticalement, nous faisons le calcul avec \(v=10/3.6\) et \(g=9.81\), et nous obtenons \(h=0.39\), c'est-à-dire que nous prédisons que la balle montera à une hauteur de 39 cm. Si l'expérience donne une valeur très différente, c'est soit que la théorie est fausse et doit être abandonnée, soit qu'il y a un problème expérimental qui doit être élucidé.

De très nombreuses expériences ont été faites, depuis l'invention de cette théorie par Newton à la fin du XVIIe siècle, et ont montré sa grande exactitude (sauf pour des objets de la taille d'un atome, ou des vitesses proches de la vitesse de la lumière), ce qui fait qu'elle est aujourd'hui utilisée par tous les ingénieurs qui ont besoin de lancer un objet, qu'il s'agisse d'une fusée ou d'une pièce dans un métier à tisser.

Depuis Newton, de nombreuses autres formes d'énergie ont été découvertes et calculées, par exemple l'échauffement d'un matériau, la compression d'un ressort ou d'un gaz, les différents phénomènes électromagnétiques (courants électriques, aimants, ondes radio), l'accrochage entre les atomes d'une molécule, l'énergie produite par les réactions nucléaires, etc... Les calculs qui sont faits et les prédictions qui en sont tirées sont innombrables.

L'énergie dans les pseudo-sciences

Contrairement aux physiciens avec leurs calculs, les gourous des pseudo-sciences n'ont besoin d'aucun calcul pour dire “là je sens beaucoup d'énergie”, ou “je suis en train de transférer vos énergies négatives”. Vous ne comprenez pas ce qu'ils veulent dire concrètement avec ces phrases? C'est normal car elles ne veulent rien dire du tout!

Généralement, comme les gourous ne font aucun calcul, ils n'obtiennent aucun résultat: ils sentent “beaucoup d'énergie”, mais ne vous dirons pas s'il s'agit d'un millionième de Joule ou d'un milliard de Joules. Certains indiquent un résultat numérique, par exemple “votre énergie est à 67”, mais sans pouvoir dire comment ils peuvent dire que cette énergie, à supposer qu'ils la “sentent” réellement, est de 67. Car bien sûr que nous pouvons sentir certaines énergies: une personne entraînée pourra dire avec une certaine précision quelle est la température d'une rivière, juste en y trempant la main, mais pour cela il aura fallu qu'elle s'entraîne à comparer sa sensation avec la mesure donnée par un thermomètre, qui aura lui-même été étalonné pour indiquer 0°C dans l'eau glacée et 100°C dans l'eau bouillante. Les gourous, eux, n'ont eu besoin d'aucun appareil pour faire leur “mesure”: c'est donc de la charlatanerie.


Le magnétisme

Plus encore que de l'énergie, les gourous affirment faire “du magnétisme”, posséder un “fluide magnétique”, etc... Si cela n'a pas grand sens, il est intéressant de se demander ce qu'est réellement le magnétisme.

Le magnétisme en physique

On connaît le magnétisme (les aimants) et l'électricité statique depuis toujours, mais c'est au XIXe siècle que les physiciens ont compris que c'était deux aspects de l'électromagnétisme, et qu'ils réussi à écrire les quatre équations qui permettent de les calculer très précisément. Ce sont les “équations de Maxwell”, que voici:

$$ \mathrm{div}\ \overrightarrow E = {\rho \over \varepsilon_0} $$

$$ \overrightarrow{\mathrm{rot}}\ \overrightarrow E = -\frac{\partial \overrightarrow B}{\partial t} $$

$$ \mathrm{div}\ \overrightarrow B = 0 $$

$$ \overrightarrow{\mathrm{rot}}\ \overrightarrow B = \mu_0 \left[ \overrightarrow j + \varepsilon_0 \frac{\partial \overrightarrow E}{\partial t}\right] $$

Les vecteurs \(\overrightarrow E\) et \(\overrightarrow B\) sont le champ électrique et le champ magnétique, et ces équations indiquent comment les charges électriques provoquent un champ électrique, comment les courants électriques provoquent un champ magnétique, et comment les variations du champ magnétique provoquent un champ électrique et réciproquement, ceci expliquant la propagation des ondes radio et de la lumière. On peut faire une infinité de calculs (souvent un peu compliqués) avec ces équations.

Cette théorie est utilisée par les ingénieurs avec un immense succès, par exemple pour la fabrication de moteurs électriques, d'émetteurs et de récepteurs sans fil et de leurs antennes.

Une branche de l'électromagnétisme concerne les matériaux magnétiques, c'est-à-dire ceux dans lesquels un champ magnétique significatif est créé par la rotation des électrons autour des atomes, en particulier les matériaux “ferromagnétiques” (comme le fer), qui peuvent s'aimanter très fortement. Certains s'aimantent fortement quand on les place dans un faible champ magnétique, c'est le cas du fer pur (fer doux), qu'on utilise pour fabriquer des moteurs électriques et des transformateurs. D'autres restent aimantés même hors de tout champ magnétique: ce sont les “aimants”. Mais la plupart des matériaux, qui ne sont ni ferromagnétiques ni des aimants, sont à peu près insensibles à tout champ électrique.

Le magnétisme en pseudo-sciences

Sans utiliser le moindre courant électrique, ni aimant, ni matériau ferromagnétique, les gourous vous affirment “je fais du magnétisme pour vous soigner”. Ceci est plutôt vague, mais c'est surtout complètement faux et hors de propos: puisque le corps du gourou ne peut produire aucun champ magnétique notable, et que le corps de son client est à peu près insensible aux champs magnétiques, il est clair qu'un gourou apposant ses mains sur son patient ne peut en réalité rien faire qui soit “magnétique”. Ce qu'il peut faire est apporter la chaleur de ses mains, la pression de ses mains, du réconfort grâce au contact physique, mais assurément aucun “fluide magnétique” (qui n'existe d'ailleurs pas en physique).

Les ondes et les vibrations

Les gourous voient partout des bonnes ou des mauvaises ondes, et des vibrations. Oui mais de quoi parle-t-on?

Les ondes en physique

En physique, une onde est une vibration qui se propage, comme les vagues à la surface d'un lac. La propagation résulte de la transformation continuelle entre deux formes d'énergie: par exemple dans une vague, l'eau est alternativement placée en haut de la vague (énergie potentielle), et propulsée vers le haut ou le bas de la vague (énergie cinétique). De nombreuses ondes sont bien connues:

Parmi les caractéristiques d'une onde, on mesure habituellement sa fréquence \(f\) (le nombre de vibrations par seconde, en Hz), sa vitesse de propagation \(c\) (pour “célérité”: 320 m/s pour le son dans l'air, 300 000 km/s pour la lumière), et sa longueur d'onde \(\lambda\) (on utilise la lettre grecque “lambda”, mais si on la notait \(L\) ce serait pareil). La longueur d'onde se calcule ainsi: \(\lambda=c/f\).

Ces caractéristiques permettent de faire de très nombreux calculs dans de nombreux domaines, par exemple sur la réfraction optique. Ce que les opticiens appellent “indice optique” d'un verre est la facteur de réduction de la vitesse de la lumière dans ce verre, par rapport à la vitesse de la lumière dans le vide. La longueur d'onde étant modifiée lorsque la lumière pénètre dans le verre ou en ressort, la direction du faisceau est déviée comme indiqué ci-dessous:
Réfraction dans un prisme
Réfraction de la lumière dans un prisme: la longueur d'onde est la distance entre les traits rouges (en réalité elle est inférieure à 1 µm)

La réfraction se calcule avec les formules de Descartes, de façon très simple:

$$ n_1.\sin{\theta_1} = n_2.\sin{\theta_2} $$

avec \(n_1\) et \(n_2\) les indices optiques d'un côté et de l'autre de l'interface, \(\theta_1\) et \(\theta_2\) les angles d'incidence du faisceau de chaque côté par rapport à l'interface; “\(\sin\)” est la fonction mathématique “sinus”.

On voit qu'il suffit de savoir que la lumière est une onde et que sa vitesse dépend du matériau pour prédire de quelle manière la lumière va changer de direction en entrant dans un matériau transparent.

L'expérience montre que la lumière se propage effectivement ainsi dans la grande majorité des matériaux, la théorie est donc utilisée pour fabriquer des lunettes, et des lentilles pour toutes sortes d'appareils optiques.

Les ondes en médecine

Les ingénieurs qui fabriquent des appareils médicaux utilisent et calculent différents types d'ondes: la lumière pour les microscopes, les rayons X et gamma dans les scanners à rayons X et les PET-scan, les ondes acoustiques dans les échographes, les ondes électromagnétiques dans les appareils d'IRM.

Les médecins n'ont pas le temps de faire des calculs de physique quand ils soignent leurs patients, même avec ces appareils qui utilisent des ondes. Il leur arrive donc de dire “ondes” pour parler des ondulations d'une courbe (même si ce n'est pas une “onde” pour les physiciens).

Ainsi les “ondes cérébrales” sont les minuscules courants électriques produits par l'activité du cerveau, enregistrés par un électroencéphalographe, dont la fréquence dépend de l'état de veille ou de sommeil.

De même, quand les cardiologues parlent “d'onde Q” ou “d'onde T”, ce sont des bosses ou des creux sur les courbes d'un électrocardiogramme, qui retranscrit les variations des courants produits par l'activité du cœur. La position de ces bosses aide à savoir si le cœur fonctionne normalement.

Les ondes en pseudo-sciences

Pour les gourous, les ondes ne sont ni acoustiques ni électromagnétiques, et elles ne correspondent pas non plus aux ondulations d'un enregistrement. Non, elles sont bien plus vagues: il y aurait de “bonnes ondes”, des “ondes hostiles” (celles de l'observateur méfiant prêt à démasquer le truc d'un charlatan), des “bonnes vibrations” (ce qui n'est réel que s'il joue de la musique: le son est bien une vibration et une onde, et il arrive qu'il soit agréable). Ils affirment que “tout vibre continuellement”: certes tout bouge, en particulier avec l'agitation thermique, mais cela se mesure sans aucun don particulier, juste avec un thermomètre.

Donc pour les gourous, les “ondes” et les “vibrations” sont la fausse promesse qu'ils ont un don magique. Ceci n'a bien sûr rien à voir avec un phénomène ondulatoire, ni avec quoi que ce soit de mesurable: ce n'est que le langage creux d'un charlatan.

La mécanique quantique

Il est très commode pour les gourous de parler de “quantique”, car la mécanique quantique est une branche récente de la physique (découverte au cours du XXe siècle), et que très peu de personnes comprennent car les calculs sont souvent difficiles, les résultats plutôt déconcertants pour les débutants, et le domaine d'application limité à des objets de dimension microscopique.

Du coup, c'est paradoxalement pratique: si on vous parle de “quantique”, hors des domaines réels d'applications de la mécanique quantique (la microélectronique, les lasers, etc), vous pouvez parier qu'il s'agit d'un charlatan.

La mécanique quantique en physique: la matière comme une onde

La mécanique quantique est une méthode de calcul, dont les bases théoriques ne sont d'ailleurs pas totalement satisfaisantes, qui permet de prédire très précisément comment se comportent les objets microscopiques (à l'échelle de l'atome).

Le principe de base est que les particules se propagent exactement comme des ondes, et donc que le mouvement d'un électron n'est pas très différent de celui d'un faisceau lumineux, simplement l'onde n'est pas régie par les équations de Maxwell mais par une autre: l'équation de Schrödinger. Toutefois, lorsqu'on cherche à mesurer ces particules, elles perdent subitement leur aspect ondulatoire et redeviennent des particules détectées à un endroit précis.

Une expérience historique est celle des fentes d'Young: en envoie des électrons sur une 1ère plaque percée d'une fente, derrière laquelle on met une 2e plaque percée de 2 fentes, et encore derrière on met un écran fluorescent qui détecte les électrons. On constate que les électrons qui traversent la 1ère fente repartent dans plusieurs directions, et de même pour les 2 fentes de la 2e plaque, ce qui ressemble au phénomène de diffraction pour les ondes. Mais surtout, il se produit une figure d'interférence (une alternance de zones recevant plus ou moins d'électrons) sur l'écran fluorescent, avec une forme qui dépend de l'écartement entre les 2 fentes.

Schéma de l'expérience des fentes d'Young
Description schématique de l'expérience des fentes d'Young

La diffraction dans les fentes, mais surtout la figure d'interférence, montre qu'il y bien 2 ondes émises par les 2 fentes de la 2e plaque. La mécanique quantique prédit cela et permet de le calculer, et cela n'a rien d'intuitif, puisque cela signifie que les électrons se propagent comme une onde, et que chaque électron est passé à la fois par les 2 fentes de la 2e plaque (sinon la figure d'interférence ne pourrait pas dépendre de l'écartement entre les fentes).

Des expériences ont prouvé qu'il n'y a pas à la fois une onde et une particule, mais que c'est bien une particule matérielle qui se propage comme si elle était une onde, jusqu'au moment où on détecte sa position. C'est un peu troublant, mais les équations fonctionnent admirablement: on prédit exactement l'endroit où arrivent les électrons, et beaucoup d'autres phénomènes bien plus complexes.

Tout aussi troublant que de voir les particules de matière se propager comme des ondes, la mécanique quantique montre que les ondes peuvent se comporter comme des particules. Ceci est très bien connu dans les ondes électromagnétiques, qui se propagent bien selon les lois de l'électromagnétisme (les équations de Maxwell), mais qu'on ne peut pourtant émettre ou détecter que sous la forme de petits grains de lumière qu'on appelle “photons”. Aussi troublant que ce soit, nous y sommes aujourd'hui habitués car nous disposons de capteurs capables de détecter un unique photon, par exemple dans les LIDAR (genre de radar qui fonctionne avec une lumière infrarouge). Les radiologues aussi y sont habitués, car les rayons X (qui sont également des ondes électromagnétiques) arrivent aussi sous forme de photons, qui donnent un aspect bruité aux radiographies.

La mécanique quantique en physique: la quantification

Le terme “mécanique quantique” vient de ce qu'on décrit les mouvements de la matière (“mécanique”) et que certaines grandeurs deviennent quantifiées (par exemple pour la lumière, on détecte 0 photon, 1 photon, 2 photons, etc..., mais on ne peut pas détecter 0.5 photon, même si on baisse la puissance de la lampe).

Dans la mécanique “classique” (c'est-à-dire non quantique), il y a déjà une quantification pour la fréquence des ondes qui se propagent dans un espace limité, c'est-à-dire que seules certaines fréquences sont possibles. Par exemple si une corde de piano est accordée sur la note “do”, elle résonne également dans les fréquences multiples de cette fréquence (on appelle “fondamentale” la note principale, et “harmoniques” les fréquences multiples). Si la fondamentale est la note do3, les harmoniques sont les notes do4, sol4, do5, mi5,... Par contre, dans la mécanique classique, la puissance de la note peut avoir n'importe quelle valeur, jusqu'à l'infiniment faible.


Les vibrations d'une corde avec ses harmoniques
Une corde de piano résonne pour les fréquences avec un nombre entier d'ondulations entre ses extrémités

Il en est de même pour les vibrations dans un tuyau (un clairon ne peut jouer que certaines notes), ou pour la lumière dans une couche fine transparente (ce qui produit les irisations des bulles de savon).

La mécanique quantique indique que la matière se propage comme une onde, dont la fréquence est quantifiée comme toute onde lorsqu'elle est dans un espace limité. La conséquence est que les propriétés de la matière (par exemple l'énergie) sont alors quantifiées.

Par exemple, pour mesurer la quantité de rotation, les physiciens calculent le “moment cinétique”, souvent indiqué par la lettre grecque \(\sigma\) (sigma). La formule est particulièrement simple pour un anneau en rotation, puisqu'on multiplie la masse par le rayon et la vitesse du mouvement. Ce moment cinétique peut prendre n'importe quelle valeur.

Le moment
        cinétique en mécanique classique
Dans la mécanique classique, le moment cinétique peut prendre n'importe quelle valeur

Mais dans la mécanique quantique, lorsqu'une particule tourne autour de quelque chose, son mouvement est décrit par une onde autour du centre de la rotation, et le nombre de périodes de l'onde ne peut être qu'un nombre entier. Pour cela, le moment cinétique est forcément un multiple d'une certaine valeur, la “constante de Planck” (notée \(\hbar\) et prononcée “H barre”, sa valeur est absolument minuscule: \(\hbar=1.05 \times 10^{-34}\) m2.kg/s).

Le moment
        cinétique dans la mécanique quantique
Dans la mécanique quantique, le moment cinétique est un multiple de la constante de Planck, ici \(3\hbar\) car l'onde comporte 3 cycles dans un tour complet autour du centre

De même, l'énergie des particules bloquées dans un espace limité ne peut prendre que certaines valeurs, qu'on appelle “niveaux d'énergie”.

On peut citer plusieurs cas de quantification de l'énergie:

La mécanique quantique permet donc de prédire, au prix de calculs souvent très lourds, les propriétés des atomes, des molécules, des cristaux (notamment les semiconducteurs), etc... Elle a donc révolutionné les technologies du XXe siècle, notamment avec la microélectronique.

“Le quantique” dans les pseudo-sciences

Pour les gourous, qui ne connaissent pas les calculs de la mécanique quantique, et qui ne veulent de toute façon pas les expliquer à leurs adeptes, le mot “quantique” est juste une formule magique qui permet de dire “Je maîtrise beaucoup de choses que vous ne comprenez même pas”. Il n'y a rien derrière, ce n'est qu'une pure charlatanerie.

Les gourous adorent parler de mécanique quantique car:


Conclusions

Les théories physiques sont des méthodes de calcul qui permettent de prédire certains phénomènes, et dont on a validé la performance en vérifiant que les expériences donnent le résultat prédit par les calculs théoriques.

On peut vulgariser certaines théories, pour faire comprendre leur utilité aux néophytes, avec pas ou peu de calculs, mais si on veut les utiliser, alors il faut faire les calculs, parfois simples et parfois compliqués.

Lorsque quelqu'un, en particulier une personne qui prétend soigner, utilise des mots de la physique moderne hors de son domaine d'application, et bien sûr sans jamais faire aucun calcul, il est plus que probable que c'est un charlatan. Si de plus il utilise le mot “quantique”, cette conclusion est même presque certaine, car c'est un terme “moderne” et très mal compris du grand public, et donc très utilisé par les gourous des pseudo-sciences.


Mots-clés: sciences pseudo-sciences sectes

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