
Carte
de
la Palestine (Israël et territoires occupés) et des
territoires voisins (source: OSM)

Certains textes bibliques font dire à Dieu que des territoires
sont promis aux Hébreux. Mais existe-t-il aujourd'hui des Hébreux?
La question se pose car la partie juive de la Bible, rédigée il y
a environ 2500 ans, évoque une tribu juive recroquevillée, de
petite taille, écrasée par les peuples de l'époque (par exemple
l'Égypte, selon l'Exode).
Le judaïsme s'est ensuite activement propagé, par conversion (de
gré ou de force). On appelait “prosélyte”
les personnes récemment converties au judaïsme, et on a constaté
qu'ils promouvaient la religion avec le zèle des nouveaux
convertis (soit par conviction, soit pour faire oublier leur
religion précédente). Il y a donc eu une forte dilution du “sang
hébreu” depuis la réaction de la Bible.
Par la suite, le judaïsme a été concurrencé par le christianisme
et l'islam, deux religions se réclamant aussi de la Bible. Une
partie des juifs se sont convertis, d'autres se sont dispersés en
groupes très séparés, en particulier les Séfarades (Espagne et
Portugal) et les Ashkénazes (Europe de l'Est). Malgré une grande
endogamie, il y a eu beaucoup de brassage, au point qu'on a
découvert que chez les Ashkénazes, l'ADN mitochondrial (qui est
transmis de mère en fille) provient essentiellement d'Europe et
non du Moyen-Orient. Et il n'y a guère de point commun entre la
culture ou les langues des Séfarades et des Ashkénazes: au mieux
les uns parlent arabe (avec plusieurs dialectes) et les autres
yiddish (un dialecte allemand avec des influences slaves et
hébraïques), au pire chacun parle juste la langue de son pays
d'origine.
Il est donc clair que les actuels Israéliens ne descendent pas
directement des Hébreux: un peu, mais avec de nombreux brassages,
et bien d'autres populations descendent aussi partiellement des
Hébreux.
Par principe, le texte fondateur d'une religion donne raison à
cette religion et tort aux autres. Aussi, il n'y a pas de quoi
être surpris que le texte fondateur des juifs accorde des droits
aux juifs. Bien entendu, une telle promesse n'engage que ceux qui
y croient, et non les occupants historiques des territoires
concernés.
Par ailleurs, cette promesse date de 2500 ans: à l'époque les
Hébreux étaient une petite tribu, et depuis il y a eu des
millénaires de guerres, de traités de paix, et de compromis. Même
si quelque chose avait été décidé à l'époque (et ça n'a pas été le
cas), cela n'aurait plus aucune valeur 2500 ans plus tard: si
votre arrière-grand-mère était propriétaire légitime de sa maison,
cela ne vous permet pas de vous y installer en expulsant son
propriétaire actuel.
Du reste, les sionistes n'ont pas immédiatement décidé de créer
le pays des juifs en Palestine. C'est par opportunité, parce que
l'Empire Ottoman s'écroulait et que la Grande-Bretagne pouvait les
aider, qu'ils se sont décidés pour la Palestine et qu'ils ont
exploité les textes bibliques pour justifier cette revendication.
Pendant la 2e guerre mondiale, le nazisme fondé par
Adolf Hitler a pratiqué un génocide, assassinant 6 millions de
juifs, un drame appelé la “shoah” (la catastrophe) par les juifs.
C'est une faible partie du bilan de la guerre, mais extrêmement
lourd pour les juifs, littéralement exterminés dans certains pays,
mais aussi pour les Tziganes (Roms, Gitans). C'est surtout le
premier exemple de génocide organisé à l'échelle industrielle et
avec des moyens modernes.
Ce crime de masse n'est pas arrivé par hasard:
Une autre leçon à retenir est que les discours populistes de haine ne peuvent aboutir qu'à ce type d'extrémités: si une population est désignée comme l'unique responsable des difficultés d'un pays, et que le pays continue à avoir des difficultés, que peut faire le dirigeant sans se ridiculiser sinon déporter ou exterminer la population désignée comme ennemie?
Mais il s'avère qu'Israël a choisi la même voie, prétendant
représenter un “peuple” (le peuple hébreu, largement fantasmé), et
désignant comme ennemi “les Arabes”, c'est-à-dire l'ensemble des
non-juifs, dans un système qui cloisonne ces groupes de façon
théoriquement hermétique (il n'autorise pas les “sans religion”).
Les mêmes causes amènent aux mêmes conséquences.
Même si Netanyahu prétend représenter les juifs du monde entier, et les protéger (dans ses colonies illégales) pour fuir les dangers auxquels ils sont censés être exposés dans leur propre pays, ce n'est pas vrai.
En réalité, le pire ennemi des juifs est Netanyahu, qui en
attisant un discours de haine entre religions, suscite parfois une
haine, totalement injustifiée, contre des citoyens qui ne sont pas
israéliens, et qui ne sont pour rien dans le génocide commis par
Israël.
De façon compréhensible, beaucoup de juifs ont pu avoir un
attachement pour Israël. Ils ne sont pas pour autant complices des
crimes commis en leur nom par des dirigeants qu'ils n'ont pas élus
s'ils ne sont pas citoyens israéliens.
Il faut les assurer de notre soutien, et les inciter à dénoncer
ouvertement les crimes commis par Israël.
Le meilleur cadeau qui pourrait être fait aux victimes juives du
nazisme (qui n'ont donc pas pu émigrer en Israël), ce n'est pas de
commettre un nouveau génocide, mais de permettre aux citoyens
juifs de tous les pays de vivre en paix, ce que la plupart font
déjà très bien, et de permettre à leurs proches qui ont émigré en
Israël (il y en a dans la plupart des familles juives) de vivre
enfin en paix avec leurs voisins non-juifs au lieu de continuer
une guerre à l'infini.
Dans l'État d'Israël, tout est rebaptisé avec des noms bibliques,
jusqu'au nom des colons juifs qui y émigrent. Ainsi David Ben
Gourion, le premier dirigeant de l'État d'Israël, était en réalité
un Polonais nommé David Grün. Le pays lui-même a été rebaptisé:
les colons ne se sont pas contentés de coloniser la Palestine, ils
l'ont rebaptisée “Israël”, le nom qui désigne, dans la Bible, le
peuple hébreu.
Lorsque les colons juifs se sont installés en Palestine, le plus
simple aurait été qu'ils apprennent l'arabe (pour autant
qu'apprendre l'arabe puisse être simple...), puisque cette langue
était déjà pratiquée par la majorité des Séfarades et par les
Palestiniens (dont certains étaient juifs). Mais toujours par
volonté de se raccrocher à l'héritage biblique, la langue
israélienne (l'hébreu moderne) a été inventée à partir du maigre
vocabulaire de l'hébreu biblique (comportant certains mots au sens
inconnu), avec des emprunts à de multiples langues (arabes,
yiddish, russe, l'anglais, etc).
Cette logique n'a jamais cessé: les bombardements contre la
Palestine reçoivent des noms bibliques, la tentative d'accord
entre Israël et certains pays arabes (avec le soutien des USA) a
été baptisée “accords d'Abraham”, etc. Tout doit être nommé avec
des mots extraits de la Bible.
Les USA sont, depuis longtemps, le principal soutien d'Israël, et
souvent son unique soutien lorsque des crimes terribles sont
commis.
Il y a aux USA une importante minorité juive, mais ce ne sont pas
les principaux soutiens à Israël.
Israël est surtout soutenu par des évangéliques (une secte
protestante conservatrice, bien organisée et puissante dans le
monde entier, dont le poids politique est très important aux USA),
qui pourtant détestent les juifs et refusent leur présence sur le
sol américain. En effet:
Enfin, l'extrême-droite américaine, souvent admiratrice du nazisme, est restée attachée à l'esclavage, et considère que les noirs et les Amérindiens n'ont aucun droit: c'est un point commun avec les Israéliens qui nient tout droit aux Palestiniens. Ce raisonnement se retrouve chez Elon Musk (PDG de Tesla, X-Twitter, et SpaceX), issu de la minorité européenne d'Afrique du Sud, partisan du nazisme en Europe et de l'apartheid en Afrique du sud: pour lui, l'épuration ethnique ne pose absolument aucun problème, car il croit qu'il y a une forte hiérarchie entre les races (lui-même étant bien sûr au sommet, et devant donc avoir la descendance la plus abondante), il pense donc que les Allemands ont eu raison d'exterminer les juifs, et que les Israéliens ont raison d'exterminer “les Arabes“.
Au moment où Israël perd tous ses soutiens à cause de
l'abomination du génocide commis, on comprend que ses dirigeants
acceptent n'importe quel soutien. Mais on peut se demander
pourquoi l'extrême-droite, viscéralement anti-juive depuis
toujours (au point de justifier ou de relativiser les crimes
nazis), se mettent à soutenir le gouvernement israélien.
Une explication est parfois l'existence d'ennemis communs. Pour
Israël comme pour le FN/RN français, l'ennemi principal est
l'Arabe ou le musulman. Il n'y a aucun lien entre un enfant de
Maghrébin vivant en France et non religieux avec un Palestinien,
mais le discours haineux les identifie comme “musulmans”.
La logique est parfois plus sinueuse. Alors que Viktor Orbán (le
dictateur hongrois) a bâti sa stratégie sur la dénonciation du “lobby juif”, incarné par
George Soros, il soutient désormais Israël qui commet un génocide
au nom des juifs. Le lien entre les réfugiés afghans fuyant
l'intégrisme islamiste et les autochtones palestiniens combattus
par Israël n'est pas évident, mais le discours haineux ne fait pas
dans le détail: ce sont des “musulmans”
(même lorsqu'ils sont chrétiens).
Plus généralement, il y a un rapprochement par les méthodes,
comme dans le cas d'Elon Musk: l'extrême-droite, comme Israël,
voit comme unique solution aux différents problèmes du monde,
l'élimination des groupes de personnes censées poser problème. En
France, il s'agit des immigrés, des musulmans, des Français
d'origine étrangère (sauf ceux qui sont militants
d'extrême-droite, comme Bardella et Ciotti), des syndicalistes,
des écologistes, etc. L'exemple d'un pays réussissant un génocide
est un immense espoir pour les personnes ayant cette idéologie:
puisqu'ils admiraient Hitler et Mussolini, ils admirent Netanyahu.
Le rejet de la démocratie, des droits humains, de la liberté de la
presse, et du droit international, sont également de puissants
ciments entre l'extrême-droite et le gouvernement israélien.
En Israël, toutes les oppositions sont entre “les juifs” et “les
Arabes”.
Une telle formulation est incongrue: les juifs sont les adeptes
de la religion juive et les Arabes sont les locuteurs de la langue
arabe, il y a donc des Arabes juifs (parfois nommés les “chrétiens
d'Orient”), et il devrait y avoir en Palestine des personnes non
juives ne parlant pas arabe.
Ce sont les règles administratives israéliennes, dignes de
l'apartheid, qui ont abouti à cette dichotomie:
Le reste du monde ferait bien de préférer la dichotomie entre les
colons israéliens légaux (installés dans les frontières de 1949),
les colons israéliens illégaux (installés dans les territoires
palestiniens), et les Palestiniens.
Pour Israël, le génocide est justifié par l'attaque subie par
Israël le 7 octobre 2023. Ce jour, le Hamas, groupe paramilitaire
islamiste qui contrôlait la bande de Gaza, a franchi l'ensemble
des murs et des moyens d'espionnage qui faisaient la fierté
d'Israël, et a fait 1200 morts et 200 otages israéliens.
Volontairement ou par facilité, les milieux les moins sionistes
ont été les plus touchés: les habitants de villages israéliens
souhaitant vivre en paix avec les Palestiniens, et les jeunes
participants à une rave techno.
Des débats stériles et hors-sujet ont eu lieu sur la dénomination de l'attaque du Hamas:
De façon plus pragmatique, on peut constater que le Hamas était
une armée bien organisée, agissant dans le cadre d'un conflit
politique jugé légitime de leur part (et bien au-delà), et que
l'attaque a eu l'ampleur d'une action militaire. On peut donc plus
utilement dire que l'attaque du
Hamas était:
Remarque: juridiquement, le crime de guerre est beaucoup plus
grave que l'acte de terrorisme, mais le terme est déplaisant pour
Israël car il reconnaît la réalité de la guerre, qui ne peut être
ramenée à une question d'ordre public, et qu'il renvoie également
aux crimes de guerre commis par Israël, à une échelle
considérablement plus grande, que ce soit en nombre d'otages
(Palestiniens détenus sans charge) ou d'assassinats.
Le vocabulaire n'y change rien: un
crime de guerre (ou un acte de terrorisme), aussi cruel et inexcusable soit-il,
ne justifie jamais un génocide.
Du reste, le bilan de l'attaque du Hamas est devenu insignifiant,
comparé au bilan du génocide israélien contre la Palestine.
Et sans nier la responsabilité des dirigeants du Hamas de 2023, force est de constater que Benjamin Netanyahu en est largement responsable:
Enfin, il apparaît clairement que le génocide n'est pas une
réponse au 7 octobre 2023, mais que cette attaque a servi de prétexte pour commettre un
génocide prévu de longue date par l'extrême-droite au pouvoir en
Israël.
Le problème était dramatiquement simple, et identique à l'impasse
rencontrée par Hitler face au “problème juif” (censé expliquer
tous les maux de la société):
Il ne reste donc plus à Israël que le génocide par extermination,
avec l'espoir que les derniers survivants finissent par accepter
la déportation de masse.
En conclusion, aucune raison (politique, historique, religieuse
ou autre) ne justifie le génocide commis par Israël.
Le monde entier doit se soulever pour condamner ce génocide, avec
tous les moyens à se disposition. Seuls les USA peuvent réellement
décider de livrer des armes à Israël, mais les autres pays peuvent
du moins bannir Israël comme cela a été fait avec l'Afrique du sud
pendant l'apartheid, et contre la Russie suite à l'agression
contre l'Ukraine.
Israël est un État criminel, et ses dirigeants sont juifs et
prétendent agir au nom des juifs. Mais les juifs vivant dans le
monde entier ne sont pas coupables des crimes d'Israël, au
contraire ils sont victimes de ces dirigeants qui les associent à
des crimes aussi abominables. Il faut soutenir les juifs qui
vivent hors d'Israël, et les inciter à dénoncer eux aussi la
politique criminelle d'Israël.